LE COUVENT NOTRE-DAME
Avant la révolution, le couvent Notre Dame était occupé par des religieuses qui suivaient la règle de St François d’Assise. .On ignore la date exacte de leur installation à Bressuire ainsi que de la date de construction du couvent. Les historiens s’accordent pour placer cette fondation dans le courant du XVIème siècle.
Il existait cependant à l’époque des Guerres de religion puisque le monastère des sœurs franciscaines fut saccagé vers 1568 ou 1569 par les gens de guerre des seigneurs huguenots de la région[[B.M. Poitiers – Dom Fonteneau, t XI, p. 665.]]. Restauré sans doute à la fin du 16ème siècle et au début du 17ème siècle, il est à nouveau éprouvé pendant la guerre de Vendée. À cette époque, c’est une pauvre communauté composée de 9 religieuses de chœur, 2 sœurs converses dirigées par une supérieure . Les religieuses dont l’habit était gris bleu avec le voile noir appartenaient toutes à des familles notables du Bressuirais ou du Poitou. Les sœurs converses destinées au travail manuel étaient issues du monde agricole ou artisanal. Elles observaient la clôture et devaient garder le silence au réfectoire, dortoirs, chapitre, cloître…. La clôture restait relative puisque les religieuses recevaient des pensionnaires à qui elles enseignaient la lecture, l’écriture, la calcul, la couture…. et inculquaient, bien sûr une fervente piété.
En 1791, la présence de cette communauté religieuse va heurter la Société des Amis de la Constitution de Bressuire qui leur demande de fermer les portes de leur église et de leur cour extérieure et leur interdit de sonner la messe. La mère supérieure Henriette JOUBERT, résiste et continue à sonner les offices. Provocation à laquelle le club révolutionnaire répond en faisant envahir, le couvent des religieuses par 30 ou 40 gardes nationaux qui forcent la porte, perquisitionnent et descendent les cloches le 13 septembre 1791. La mère supérieure se plaint alors de telles violences aux autorités départementales, faisant valoir l’inégalité de la procédure et l’injustice dont la communauté est victime, tout cela ayant été accompli sans l’autorisation des autorités municipales ou départementale. Cette plainte ne semble pas avoir aboutie dans la tourmente révolutionnaire et dès l’année suivante le couvent sert de cantonnement aux soldats. Les sœurs seront expulsées à l’été 1792. Les bâtiments sont alors vendus aux enchères comme biens nationaux et en partie détruits.
« En rodant dans cette ville ou j’avais fait une partie de mes études., Je trouvais Ia porte du Couvent de Saint-François ouverte; on y avait logé des soldats. Les pauvres filles qui habitaient cette maison étaient tremblantes comme des colombes à l’approche de l’épervier. Je les abordais. Je renouvelais connaissance avec plusieurs d’entre elles; elles me promirent deux lits pour mon collègue et moi. Nous nous y rendîmes à sept heures du soir. Nous entrâmes dans une salle où mangeaient des volontaires; ils nous offrirent à souper. J’y laissais mon compagnon et je gagnais le réfectoire des Mères. Je me plaçais avec elles, le leur parlais le langage de la raison, de la philosophie et de la véritable piété. Je leur dit que la religion de Jésus rejetait tous les moyens de violence qu’elle prescrivait au contraire l’obéissance aux lois civiles que la volonté du peuple était la loi suprême et qu’aucun individu n’avait le droit de s’y opposer que dans tous les cas il fallait encore mieux se soumettre que de tenter des révoltes qui ne feraient verser que du sang.
J’ajoutais qu’au surplus la réforme qui s’était opérée dans l’Eglise n’était pas une innovation mais un rappel à la discipline des beaux temps du christianisme. Je touchais même quelque chose du mariage des personnes consacrées à Dieu. Je leur peignis les charmes de l’union conjugale et la sainteté de ses devoirs ce qui fit sourire et rougir les jeunes vierges du Seigneur. Mon compagnon qui ne savait pas ce que j’étais devenu abandonna la table de nos frères d’armes, où il avait fait gras pour venir me trouver tandis que j’achevais de manger une graissée de confitures. il était minuit.
Nous traversâmes le cloître avec deux jeunes religieuses qui nous conduisirent à nos appartements. Je n’en ferai point la description je ne parlerai point des meubles bénits des reliquaires dont ils étaient décorés.
Nous y dormires à merveille et à la pointe du jour nous fûmes debout. Nous nous préparions à partir avec notre troupe nous nous mettions en route avec un détachement, lorsqu’un gendarme court après nous et nous apprend que le reste du corps a été retenu par les Administrateurs du district.
Nous laissons le détachement continuer sa route sur la Forêt. Nous retournons mon collègue et moi à Bressuire dont nous étions éloignés d’une demi-lieu. L’alarme y était répandue. Les brigands venaient de tuer un homme presque sous les murs de la ville. L’armée fit des sorties elle marcha sur plusieurs colonnes dans la campagne, elle ne rencontra personne. Elle rentra et le lendemain nous partîmes avec la troupe des Bretons qui était restée la veille.
Une des jeunes religieuses avec lesquelles j’avais soupé, offrit de me suivre en habit national. Un ordre du district les avait forcées à sortir de leur maison . Les mères anciennes fondaient en larme : Ah ! disaient-elles, il faut donc rentrer dans ce monde, nous qui avons juré au pied des Autels de nourrir dans le cloître ! Qu’allons-nous devenir ? Grand-Dieu, sauvez-vous !
Je ne riais point de ces lamentations. je ne sais point insulter à l’infortune. Je plaignais la faiblesse de ces pauvres femmes. Leur attachement à leur état ne les avilissait pas à mes yeux. La philosophie ne m’a que trop appris, qu’on doit respecter les affections des âmes purs.
Je m’empressais mêmes de les protéger contre les outrages des soldats. Si je n’acceptais pas l’offre de la jeune religieuse RAGUENEAU, ce ne fut pas par scrupule, mais seulement pour ne pas exposer cette jeune vierge aux railleries de la soldatesque à laquelle je marchais. j’aurais désiré la mettre entre les bras d’un homme de bien, qui l’aurait épousée, car elle avait pris le voile pour obéir à sa famille, et elle ne tenait pas à l’habitation où elle avait juré de mourir…
André Charles, François Mercier du Rocher ( 1753 – 1816), avocat, substitut du procureur général de Vendée
Après la Révolution, à l’époque de la reconstruction de Bressuire, des notables [[acte notarié « MELON » – Etude HUMEAU – 1807]] souhaitent voir l’installation d’une institution d’enseignement de jeunes filles dans la ville et le 13 octobre 1802, deux anciennes religieuses réfugiée à Thouars, rachètent le couvent au sieur Antoine HUZE, avoué, pour y établir une école de filles [[Lettre adressée par 5 notables de la ville de Bressuire au Sous préfet de Thouars le 9 vendémiaire an XI]]. En 1807, Elles s’associent aux ursulines de POITIERS afin de relancer l’enseignement. À cette époque , elles sont 4 sœurs à diriger 39 élèves dont 11 internes. Malgré des démêlés administratifs et financiers entre les sœurs franciscaines et ursulines, la réputation de l’établissement semble bonne. La date de « 1808 » inscrite sur une des portes du cloître marque sans doute les aménagements opérés par les religieuses.
En 1850, les Ursulines s’unissent à la communauté des sœurs de la Sagesse de St Laurent sur Sèvre qui en resteront propriétaires jusqu’en 2000.
Pendant la première guerre mondiale les bâtiments de l’école ont servi d’hôpital avec une capacité de 100 lits. En 1920 le couvent retrouvera sa vocation d’établissement d’enseignement privé sous le vocable « institution Notre-Dame ».
Seul le cloître et la chapelle semble avoir été reconstruit sur leur emplacement primitif. Le cloître n’a conservé que les galeries sud et ouest dont les arcs en plein cintre reposent sur des piles carrées et massives sans chapiteau. La chapelle est moderne, mais les fondations du mur sud sont apparemment celles de l’édifice qui a été détruit pendant la Révolution. Au centre du cloître s’élève une croix . La tradition en fait la croix hosannière de la place de la paroisse st Jean Baptiste (L’église St Jean Baptiste a fourni des matériaux qui semblaient manquer aux nombreuses constructions qui ont été faites après la Révolution. Elle est démolie en 1820 et son emplacement a été traversé en 1868 par la tranchée du chemin der fer). Sur la rue des religieuses, on peut voir une porte en plein cintre de l’époque de Louis XIV, dont le claveau central présente une figure d’angelot.