d’après une étude du Commandant CHASTANG
extrait d’un article paru dans « Les amis du Vieux Bressuire » n° 14 (1962 – 1963)
Avant d’aborder l’étymologie du nom BRESSUIRE, il nous apparaît indispensable d’insister sur la description de la colline… qui couronne majestueusement ce que, maintenant, on appelle le château. Le site qui fut choisi est très intimement lié au nom qu’il porte… C’est Bélisaire LEDAIN qui, dans son « histoire de Bressuire » éditée en 1866… nous donne le meilleur aperçu : « sur un promontoire de rochers taillés à pic… s’étale la forteresse… la face tournée vers le midi, sur le bord d’un précipice , elle regarde, d’un côté, l’humble rive du DOLO qui serpente à ses pieds dans une profonde vallée et, de l’autre, la ville qui se développe à son ombre. »
LEDAIN va faire figurer 25 formes anciennes de BRESSUIRE dans son dictionnaire topographique ( Poitiers 1892) dont BERZORIACUM et BERCORIUM.
L’archaïque BERZORIACUM et son double à peine différent BERCORIUM n’ont été attestés par écrit qu’en 1029 et 1095. Par leur structure, ils sont de création celtique avec latinisation postérieure. Ils se composent de deux éléments… : BERG et DURUM , unis l’un à l’autre, dans la forme primitive, par un O de liaison : BERG-O-DURUM. Mais tandis que le radical BERG, élargissement possible de BER primitif ( la montagne) est resté intact, comme est immuable la colline qu’il désigne, le mot DURUM (forteresse) a subi des transformations diverses dues au libre jeu de l’évolution phonétique. .. Ajoutons que dans BERG, le G s’est palatalisé de bonne heure en Z et en CH pour donner BERZ, BERCH, adouci en BERS, enfin, au XIV ème siècle, le radical BER subira la métaphèse courante de BER en BRE, d’ou BREZ, BRECH, BRES…
Quant au deuxième élément DURUM, il évoluera de la façon suivante. C’est d’abord la lettre O de liaison qui soudée à DURUM portera l’accent tonique : O DURUM. De ce fait la finale UM devenue atone disparaîtra, ainsi que le D intervocalique. Il ne restera plus, comme deuxième élément, que la syllabe O-UR qui, suivant les régions, se diphtonguera en OIRE, OUERE, EURE, EULE, ERRE, UIRE.
CONCLUSION: …Dans la recherche étymologique, il faut se méfier de l’analogie. C’est ainsi que nous rejetterons les explications fantaisistes basées sur BERCARIA : la bergerie et BERSURA, mot du vieux français que A. RICHARD, l’ancien et vénéré archiviste de la Vienne a essayé d’accréditer pour démontrer que Bressuire était au Moyen-âge un défens où le seigneur exerçait son droit de chasse.
Nous ne cédons pas à la tendance du temps qui portait comme Léo FAYOLLE, à trouver un nom d’homme dans les noms de lieux en ACUM et voyait dans BERZORIACUM un hypothétique BRICCIUS, à qui le commandement du fort aurait été confié. Il savait pourtant qu’ en l’île de NOIRMOUTIERS il se trouve un BRESSUIRE qui, situé sur une éminence, n’est autre qu’un ancien poste de surveillance sur l’océan.
Pour nous, BRESSUIRE signifie la forteresse de la colline.