A l’est de Bressuire, sur la route de Saint-Porchaire, enseveli sous des broussailles, apparait un petit pont de pierre, au lieu dit Taillepied. Il permettait de franchir un ru sur l’ancien chemin de Bressuire à Saint-Porchaire, avant la construction au XIXe siècle de la route actuelle, plus au nord. En 1371, il aurait effectivement pu voir passer les troupes de Bertrand DU GUESCLIN qui poursuivait depuis Saint-Maur le capitaine anglais CRESSONVAL, venu se refugier à BRESSUIRE alors alliée aux Anglais. Mais sa construction ne peut être datée.
Ce pont jouxtait la maladrerie (ou léproserie) Saint Lazare de TAILLEPIED aujourd’hui détruite. La mention la plus ancienne de cet hôpital pour les lépreux apparait dans une bulle d’Honorius III du 30 mars 1218. Fondé par les seigneurs de Beaumont et rattaché par eux à l’abbaye augustinienne de Notre-Dame-de-la-Réau (commune de Saint-Martin l’Ars, dans la Vienne) en Basse-Marche limousine, il est peut-être de fondation plus ancienne, du XIIe siècle. La lèpre était un fléau si courant au Moyen Age que toute ville même de peu d’importance avait son refuge. Les maladreries étaient toujours éloignées des habitations et hors les murs pour éviter les contacts avec les contagieux.
En 1560, La maladrerie de Taillepied fait l’objet d’une procédure qui montre qu’elle n’accueille plus de malades. La lèpre en France est devenue rare, aussi Louis XIV décide que les biens des léproseries seront transférés aux hospices et hôpitaux locaux.
Ainsi en 1698, la maladrerie de Taillepied disparait et ses biens sont attribués à l’hôpital nouvellement créé à Bressuire. Si les bâtiments ont peu d’intérêt, les terres labourables, les prés de Taillepied sont une source de revenus appréciable et seront loués à des familles de paysans. Taillepied est devenu une simple borderie.
Confisqué à la Révolution par les administrateurs de district de Châtillon, Taillepied est vendu comme bien national en 1790 et acquis par Pierre-Jean Baptiste BRANGER, juge de paix de Bressuire. Elle est entièrement incendié pendant les guerres de Vendée, mais le sieur BRANGER obtiendra en 1811 une prime pour la reconstruction des bâtiments de la ferme encore visible aujourd’hui.