Maurice Guerchovitch, arrêté à Bressuire en 1943, a été interné à Drancy jusqu’à la libération de Paris.
Ce témoignage nous a été transmis par son fils, Michel, qui apporte quelques précisions permettant de mieux comprendre le parcours de son père.
Au moment de l’exode, les Ardennais ont été pour beaucoup dirigés vers les Deux Sèvres. Maurice GUERCHOVITCH, bandagiste, a quitté Charleville. Il a voyagé seul et trouve refuge au 2, rue Waldeck Rousseau, à Bressuire.
“A Bressuire, il a sympathisé avec un groupe de musiciens: « les Swing Troubadours ». À l’occasion de la remise à mon père du ruban bleu de la médaille de l’Education Physique sous le titre: « Des nouvelles de Maurice » dans le journal « La France de Bordeaux, rubrique Bressuire » (date inconnue), il était dit: « Nos Bressuirais n’ont certainement pas oublié ce brave réfugié des Ardennes qui nous arriva à Bressuire en 1940. Très vite M. Maurice Guerchovitch, un grand garçon simple et sympathique, sut conquérir l’estime de tous. Et puis un soir au théâtre, il parut dans un numéro de chants et de monologues comiques… Il continuait à Bressuire à mener le bon combat pour la cause de l’athlétisme et du sport pur qu’il menait déjà avant la guerre à Charleville. Et ce sportif joyeux et dévoué sut, quand vint pour lui l’heure de l’épreuve, montrer qu’il était aussi un bon et brave Français. Arrêté par la sinistre Gestapo, il demeura longtemps emprisonné et put quand même participer aux combats pour la libération de Paris… Bravo monsieur Maurice!”
Comme d’autres juifs bressuirais, Maurice GUERCHOVITCH est arrêté. Il est interné du 27 juin 1943 au 18 août 1944, à Drancy. Il a laissé ces quelques lignes
«Arrêté à mon domicile par les gendarmes français qui avaient un mandat d’arrestation par la Gestapo de Niort, j’ai passé la nuit dans un cachot de la gendarmerie et le lendemain matin je suis parti avec les menottes pour Niort. Je fus remis entre les mains de la Gestapo où je fus fouillé et les deux officiers remplirent une fiche barrée d’une diagonale rouge. Ils me firent monter dans leur voiture et me conduisirent à la maison d’arrêt où j’eus droit à une cellule. Toutes les demi-heures le gardien ouvrait un guichet pour vérifier ce que je faisais. Quelques jours plus tard avec les menottes, j’étais conduit au camp de Poitiers, de là on me conduisit à Drancy. Je venais d’avoir une épaule déboîtée, mais sur les conseils du docteur qui inscrivait les malades et qui me dit que ceux-ci seraient déportés, je lui ai demandé de ne pas m’inscrire comme malade…»
Son fils raconte ensuite :
“Il est allé avec d’autres prisonniers chez Lévitan à Paris pour trier les objets spoliés. Il devait être incarcéré le soir à Fresnes (mais je n’en suis pas sûr) et il retournait semble t-il régulièrement à Drancy pour le tri des déportés. Ceux qui flanchaient ou qui étaient affaiblis partaient dans les trains pour l’Allemagne. C’est à Drancy qu’il se trouvait lorsque le camp fut d’abord abandonné, non sans violence par les Allemands, puis libéré par le représentant de la Croix Rouge. Ensuite il s’est rendu à Paris pour la libération de la ville. Il était sur une barricade rue Saint Paul puis a participé au déblaiement de la caserne de Gardes républicains. Les balles « crépitaient » autour de lui… Samedi 26 août il voit passer De Gaulle et Leclerc, rue de Rivoli… Partent des coups de feu des toîts de la maison André, puis il y a encore des bombardements. Il termine son récit (donc sans doute dimanche 27) : « Au petit jour, je rentre épuisé mais intact! ». Ensuite, il est rentré à Charleville et a repris sa Fabrique Ardennaise de Ceintures Elastiques (corsets), faisant les marchés en sifflant et s’adonnant à sa passion: le chant, il était ami avec Jean Lumière.”