« La Contre-Réforme en marche dans le doyenné de Bressuire au XVIIe siècle »
Certains, parmi nos fidèles adhérents et lecteurs seront surpris par le contenu de cette nouvelle livraison de la Revue d’Histoire du Pays Bressuirais. Un seul article ! C’est que sa longueur, et surtout la valeur de son contenu, ont justifié ce choix.
L’auteur, Claudy Valin, rochelais, est spécialiste de la Révolution française et notamment des conséquences des Guerres de Vendée sur la capitale de l’Aunis . Même si le bocage bressuirais peut sembler éloigné du centre de ses recherches, c’est sa ville de La Rochelle qui va lui offrir l’occasion de s’en rapprocher, et plus précisément les archives de l’évêché dans lesquelles il a découvert un ensemble documentaire de tout premier ordre : les rapports de visites pastorales effectuées dans les paroisses du doyenné de Bressuire au XVIIe siècle par les évêques successifs du siège épiscopal ou leurs représentants.
Après les succès de la Réforme protestante en Poitou, au XVIe siècle, et le triste temps des guerres de religion, le XVIIe siècle est celui de la reconquête du terrain perdu par l’Eglise catholique, le temps de la Contre-Réforme. Presque cent ans après le concile de Trente qui l’initia, et suivant tardivement ses préceptes, les évêques de La Rochelle auquel est rattaché le doyenné de Bressuire lancent plusieurs campagnes de visites pastorales dans des paroisses du Moyen-Poitou parfois assez largement gagnées au calvinisme. Il s’agit pour eux de se rendre compte de la situation du clergé local, de la pratique quotidienne des fidèles, de l’état du temporel de l’Eglise…
Source riche, ces rapports de visites pastorales, confrontés à de nombreuses autres sources éparpillées dans les dépôts départementaux du Poitou-Charentes mais aussi dans ceux de la Défense à Vincennes, ont permis à l’auteur de dessiner le paysage d’un bocage bressuirais à un moment charnière de son histoire. Ces visites, étalées tout le long de la deuxième moitié du siècle, sont en effet menées alors que la politique du Roi soleil se durcit notoirement contre les protestants, avant l’acte ultime de la Révocation de l’édit de Nantes, en 1685.
Et l’on sent bien, sous la plume de l’auteur, la volonté de l’Eglise de remettre de l’ordre dans les paroisses visitées, de reconquérir des fidèles perdus un siècle plus tôt. C’est aussi toute la détresse d’un clergé séculier qui sourd aux travers des pages, longtemps abandonné à lui-même, vivant dans un grand dénuement, au milieu d’ouailles parfois peu assidues aux rites quand elles (les nouveaux convertis) ne sont pas résolument récalcitrantes voire hostiles.
Au terme de ce long article novateur, il faut bien convenir que Claudy Valin a su renouveler l’histoire religieuse de ce « sombre XVIIe siècle » dans le bocage bressuirais.
